Une barbe, une canne et une pipe...

Mes jambes usées, et pourtant toujours aussi fidèles, m'avaient menées dans ce lieu où je croyais ne plus jamais revenir... L'entrée n'avait pas changé mais les marches pour y arriver me semblait plus usées que dans mon souvenir... Combien de temps s'était écoulé depuis mon départ? Combien de temps depuis le départ de ma chère Ayame? Je ne saurais le dire car il a coulé sur moi comme l'eau sur la pierre polie...
Je posai ma main sur la porte, caressant le bois que j'avais si souvent poussé dans un sens et dans l'autre. J'aperçus la cloche du coin de l'oeil et tirai dessus, produisant un tintement léger.
Mon vieux coeur commença à battre plus vite, qui viendrait m'ouvrir? La maison avait-elle été abandonnée? Les voleuses sont-elles toujours les mêmes? Et si c'était une inconnue qui ouvrait et le prenait pour un vieux mendiant...?
Trop de question alors qu'il attendait, anxieux.

*Moi abandonner la citadelle ? Moi mourir ?!

Ahah ! Quelle drole d'idée ! Voyons, voyons.. je ne serais jamais un tas d'os et cette citadelle jamais un tas de pierre. Certes mes os on subbit quelques coups et ma tendre citadelle en est l'image mais.. oh combien sa beauté est celle des voleuses qui y regnent encore ! Et oh combien son fort intérieur est royalement en bonne santé. Rien ne me fait peur et rien ne peux émousser ma citadelle ! Rien !*

Le regard regard perdu sur le lointain, Niwema l'éternelle apprentit guerrière admire le domaine des voleuses de coeurs. Elle sourit alors que ses pensées conquérantes font vivre les réfonds de cette terre qu'elle aime tant. Elle se détourne du spectacle et part s'habiller quand la douce sonnerie de la cloche d'entrée retentit à ses oreilles de féline. Avec vigueur elle termine sa toilette et saute dans les escaliers. Quatre à cinq.. les marches se font dévorer par les jambes fines de la princesse.

Une porte devant sa frimousse de féline, une poignée sous sa main de princesse et le visage d'un vieil homme qui apparait doucement par la porte qui s'ouvre. Une vieil homme qui à prit des rides.. mais ses yeux.. ces yeux là ne peuvent être oubliés de Niwema.

KADERIAN !

Un sourire illumine soudain le visage enfantin de la féline alors qu'elle se jete au cou du nouvel arrivant avec affection.

La porte s'était ouverte sur une petite frimousse qui n'avait pas changé, un sourire tout aussi radieux et une voix de velours dont la douceur reste inchangée. Un large sourire s'affiche sur les joues ridées alors que la jeune féline se jetait sur moi. L'un de mes bras l'entoura tendrement, m'aidant à retrouver un peu de jeunesse, tandis que l'autre se soutenait sur ma canne en chêne sculpté. Surtout ne pas tomber, ça aurait fait mauvaise impression...
J'étais si heureux de la revoir, d'apercevoir un visage que longtemps je n'avais pas admiré. Par-dessus son épaule j'apercevais l'intérieur que j'avais craint en mauvais état mais qui était, en fait, pareil ou presque que dans mes souvenirs, aussi vieux soient-ils.
Et puis il y a ce nom qu'on ne prononce presque jamais en entier, l'entendre sert mon vieux coeur dans un étaux de tristesse que j'avais décidé d'enfuir au plus profond de moi.
Une vois chevrotante, que pourtant j'aurais souhaité plus affirmée, sort de mes lèvres.

Cela fait longtemps qu'on ne s'était pas vu Niwema... Tu es toujours aussi ravissante...

Tout sourire la féline se faisait sa petite joie sur le visage de ce vieil homme comme d'autres feraient leurs griffes sur la canne qu'il tenait d'une main usée par les caresses de la vie. Serrant doucement le corps gracieusement fatigué entre ses bras, Niwema se dit qu'elle avait tout interet à ne pas sérrer trop fort. Elle trouva cela bien amusant. Autrefois c'était ce même corps qui devait faire attention à ne pas lui faire mal.. La féline s'écarta du nouvel arrivant, écoutant son compliment sans en trop rougir.

Je suis tout aussi heureuse de te revoir mon cher ami.

La princesse des lieux s'inclinait légèrement, avant de se redresser et de saisir le bras de cet homme qui faisait partit des rares qui avait su se faire une véritable place dans son coeur et la garder. D'un pas sur et léger elle entra avec lui dans la citadelle. La vie avait aussi caressé ses pierres et laissé polis les angles des murs. Mais cela n'avait aucune laideur aux yeux pétillants de Niwema.

Tu sais que je devrais te punir d'avoir abandonner ainsi ton post de mâle en chef du Harem !

La jeune fille se mit à rire, tourna la tête vers l'homme et lui lécha la joue. Elle parlait désormais comme une véritable jeune fille, finit les babillonements ? Elle n'irait jamais jusqu'à dire cela, simplement la responsabilité qu'elle avait du endosser depuis le départ de la reine l'avait fait grandir plus surement que les entrainements et que les jours.

Je laissai la princesse prendre soin de me montrer la voie, observant ce qui avait changé dans cette demeure. Certaines pierre me semblait plus usées que dans mon souvenir, certaines clinches de portes plus brillante à cause du frottement des mains, mais dans l'ensemble c'était resté ce que j'avais connu... Du moins de ce que je voyais... J'observais et écoutai en même temps ce que la jeune féline me racontait.

Mâle en chef?? Qu'est ce que...

Une subite humidité sur ma joue me fait sursauter et tourner la tête vers elle. J'aperçois une petite langue rose et des yeux pétillants de malice. Un tendre sourire vient se lover entre mes joues. J'avais oublier, elle a toujours aimé faire ça... Je la sers un instant contre moi puis la libère.

Je ne suis plus fort "mâle" Niwema et certainement plus de la trempe d'un chef ! De plus je ne sais si un homme aussi vieux, rabougri et sénile que moi conviendrait dans un harem !

Je lui fais un petit clin d'oeil accompagné d'un sourire