Renouveau.

Nombre de messages : 39 Clan : Aucun Date d'inscription : 13/06/2009

La lune éclairant les plaines assombries par les ténèbres, le vent soufflant bruyamment le feuillage des arbres. Un orage éclate, la pluie se répand à une vitesse folle, se faufilant partout.

Au bord d’un lac se tient un homme, encapuchonné, les mains pleines de sang. A quelques pas de lui s’en tient un second, allongé au sol, agonisant. Fixant du regard l’homme devant lui, l’homme qui va mettre fin à ses jours. Quelque chose situé dans le bas du dos se met en mouvement, atteint la fin du vêtement et fait face, tel un serpent à l’homme gisant au sol. Une queue de chat bleue marine. Faisant le tour de l’homme debout, pénétrant son manteau par devant, cherchant quelque chose dans une de ses poches intérieures.

Elle ressort un moment plus tard, enroulée au manche d’une dague. L’inconnu au sol se met à trembler, bégayant quelque chose d’incompréhensible, rampant vers le lac.
Le félin s’approche de sa victime d’un pas lent et serein, sa queue se baladant de gauche à droite. Il lève soudain un pied, et le pose en une fraction de seconde sur le dos du martyr.

L’homme au sol se retourne, se met à hurler. Réclamant pitié.. La foudre éclaire brièvement les environs, laissant la victime voir le visage de son assassin.

Une chevelure bleu foncé, un sourire narquois, un œil rubis. La queue quitte son étreinte au manche de la dague, la passant à une de ses mains. Tournoyant le poignard tout en l’approchant du visage du futur mort.

‘’ Mais.. Qu-.. Qui êtes-vous.. ?! ‘’

Hurla t-il bégayant moins que la fois dernière. Le chat stoppe sa main, et de l’autre, ôte sa capuche, laissant apparaître des oreilles tout aussi foncées que la chevelure qu’il avait vu quelques minutes plus tôt. Cette même chevelure, descendant jusqu’au bas du visage. Un œil rubis étincelant, plein de vigueur le fixant avec soif de sang. Ses lèvres bougèrent lentement, laissant échapper quelques mots d’une voix enfantine.

‘’ – Rujiah.. est mon nom. ‘’

Sa main reprend de l’élan à la fin de sa phrase et plaque la dague contre la poitrine de la victime, l’enfonçant autant qu’il peut dans son torse, le sang jaillit de sa poitrine, s’étend au sol jusqu’au lac, changeant légèrement la couleur de l’eau, lui donnant une couleur un peu rouge.

La dague se retire d’un trait, entraînant avec qu’elle une épaisse couche de sang, s’écrasant aux pieds de Rujiah. Ce dernier se relève, dague à la main, le regard vide d’émotion. Il s’allonge quelques mètres plus loin et observe le ciel étoilé.

Une étoile filante traverse rapidement le ciel, le félin la suit du regard, regard qui s’arrête à une citadelle. Une citadelle aussi noire que les abysses. Mais quelque chose de plus petit attire son attention, une petite lumière dans cette citadelle l’intrigue, une lueur d’espoir.

Lentement, il se redresse, et se dirige vers cette dernière, les yeux toujours rivés sur cette étrange lumière. Contournant le lac, traversant une immense plaine entourant cette forteresse, il gravit les marches silencieusement. Une grande porte en face, il s’approche timidement, lève une main humide, la referme. Dans un silence tout aussi total que sa montée, il toque.

Toc Toc.

Elle avait mangé seule. Comme tous les soirs depuis ce qui lui semblait être une éternité et qui n'était sans doute pas loin de l'être. Elle avait trempé du pain dans du lait puis dans de l'oeuf avant de le mettre au dessus du feu qui crépitait en permanence dans la cheminée. Un repas qui fut vite terminé. Les repas sont toujours rapides quand la conversation est absolument inexistante. D'un geste la princesse avait écarté son verre de lait et ses coudes posés sur le bois de la large table qui trônait dans la salle à manger, elle avait enfouit son visage entre ses mains.
C'était la même chose tous les soirs. La même chose tous les jours. Depuis que ses soeurs l'avaient laissée ici.. dans cette citadelle qui serait son tombeau. Elle ne leur en voulait pas, elle ne leur en voulait plus. Qu'importe ici, rien n'a plus de valeur. Sa dernière soeur avait besoin de repos, elle restait dans ses appartements depuis un mois. La jeune fille ne s'inquiétait pas pour elle.. Comme cette dernière ne devait pas s'en faire pour la princesse abandonnée à son royaume déserté.

C'était la même chose tous les soirs. La même sensation d'être ici comme une pierre de ce mur; la même odeur de feu qui ne brûle que de vieilles buches et qui calcine de vieux souvenirs. Et cette table, cette immense table autrefois couverte de festin à l'honneur des femmes qui en faisait le tour. Aujourd'hui.. tout était si vide, si absent. Disparut comme le sourire sur le visage de la féline qui, seule, restait debout dans ses lieux. Ses lieux. Parce que cette citadelle était à son image. Devenu noire comme son âme avait été abimée par la solitude.

Elle ne sortait plus. Avant elle allait tuer les mâles, aujourd'hui elle reste ici, à regarder ce feu qui un jour la brûlera elle en sur.

Comme tous les soirs, elle rangea ses couverts et monta les marches magestueusement déchues qui menait aux chambres. Elle passa devant la porte de sa soeur endormie.. ne s'y arreta pas.. elle caressa du regard la chambre abandonnée de sa tante, reine qui n'était plus. Le coeur lourd.. comme tous les soirs. Elle grimpa encore une volée de marche jusqu'à sa propre chambre. D'un geste habituel elle alluma les bougies. Elle se demanda pourquoi elle faisait encore cela ? Après tout elle n'avait pas besoin de lumière et quand bien même elle en aurait besoin.. elle connaissait si bien cette citadelle qu'elle pourait si déplacer les yeux bandés.

Un coup de tonnere la tira de son infructueuse reflexion, elle s'approcha de la large fenêtre qui donnait sur le domaine des glorieuses mais déchues Voleuses de Coeurs. Un éclair laissa son empreinte dans le ciel noir alors que la féline refermait les rideaux sur ce spectacle et allait doucement vers son armoire. Elle y prit une longue chemise rouge, abandonna ses vêtements sur le bord d'un siège et enfila sa chemise de nuit. Par habitude elle jetta un regard à son miroire, son reflet lui renvoya l'image d'une féline chétive dont les cheveux rouges ne faisait que souligner la blancheur du visage. Sa queue qui trainait mollement derrière elle semblait brisée alors qu'elle était en plaine forme. Déçus de sa propre déchéance la princesse bien piteuse se coucha sur son lit sans le défaire. A quoi bon se mettre sous les draps ? Elle ne trouverait pas le sommeil. Pas avec le vent qui sifflait contre ses volets.

Elle regardait fixement le plafond quand un bruit la fit frémir. Un bruit étrange.. comme si.. Prise d'un soudain sursaut, Niwema se redressa sur son séant.. comme si.. Les sourcils froncés, la féline bondit de son lit, elle était peut-être chétive mais elle restait une combatante experte et trop bien entrainée pour être devenu faible. D'un seul mouvement, elle s'empara de son arme et sortie de sa chambre en courant. Ses pas de faisaient pourtant pas une seule marque de bruit sur leurs passages, elle dévala ainsi les escaliers sans qu'un chat ,'eut pu entendre la menace qui s'approchait. Une menace ? Etait ce vraiment elle la menace ? Elle et ses maigres jambes, elle et ses bras fins comme des brindilles, elle et ses cheveux rouges comme le sang battant furieusement contre ses hanches.. ? Oui, Elle, princesse déchue certes, mais voleuse de coeur à jamais.

Elle arrive dans la salle à manger et s'arrête. Devant elle, la large et haute porte qui vient de frémir sous le coup d'un être. Et si ce n'était qu'une branche portée par le vent ? Alors elle serait ridicule. Mais tant pis. Sa gloire n'avait plus aucun poid ici. Sa lame fermement tenue dans sa main droite, Niwema alla ouvrir la porte. Son arme en arrière, elle écarta le pan gauche de la porte, ses iris sombres ne mirent que quelques secondes à s'habituer à la pénombre. Il y avait là, en face d'elle, un félin. La jeune fille marque un temps d'arrêt devant ce visage animal.. ses cheveux rouges sont frappés par une raffale de vent qui la ramène très rapidement à la réalité. Ses yeux ambrés se posent froidement dans le regard de l'intru. Niwema n'est pas dupe, elle sent parfaitement l'odeur du sang qui accompagne cet être. D'une voix à la fois aussi douce que l'aurore printanière qui règne en une rosée éternelle sur ses lèvres et aussi froide et lourde que toutes les pierres de cette citadelle.

Que voulez vous ?

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Le félin ramène sa main à l’intérieur de son manteau après avoir toquer. Faisant quelques pas en arrière, il jette un œil à la fenêtre qui l’avait amené là où il est maintenant. Un petit soupir de soulagement se fait entendre, elle était toujours là. Une brise de vent accentuée par la pluie le heurte, le faisant pencher sur le côté, manquant de peu la dernière marche menant à la porte, il bascule lentement en arrière.

D’un geste vif, sa queue quitte son abri puis s’enroule d’un petit pilier. Pilier représentant une femme et un homme à genoux, soumis. D’un bond agile, il retourne à la case départ, devant la porte. Ses oreilles remues d’impatiente. Il y a-t-il vraiment quelqu’un qui vit ici ?
Un semblant de bruit provenant de l’intérieur, ses capacités félines reprennent le dessus. Ce ne serait pas la première fois qu’on tente de l’avoir par surprise comme ça. Bien qu’il se doutait que le bruit entendu plus tôt était celui d’un rat, ou d’un quelconque rongeur, son instinct lui disait le contraire.

Quelqu’un ou pas, il allait bientôt le savoir. Un pied légèrement en retrait, prêt à bondir pour esquiver une attaque, son œil mi-clos, il est dans une sorte de transe, attendant juste que la porte s’ouvre, rien d’autre.

Cette dernière s’ouvre. Son œil se referme quasiment, scrutant l’intérieur avec une curiosité sans limite. Une jeune femme d’une chevelure longue et rouge apparaît devant lui, vêtue d’une chemise tout aussi rouge que ses cheveux. Un regard discret à sa main droite cachée derrière elle, il en déduit qu’il n’est pas le bienvenu ici.

Bien qu’il soit un assassin, il connaissait très bien les formules de politesse.

- Bonsoir mademoiselle.. Je suis sincèrement désolé de vous déranger à une heure si tardive, mais puis-je séjourner quelques nuits dans votre demeure le temps que cette pluie s’arrête.. ?

Ses mains encore pleines de sang malgré les avoir nettoyées, il les laissa dans son habit. Sa queue se mit à nouveau en mouvement, quittant à nouveau son abri pour traverser son dos pour retirer sa capuche, désireux de montrer son visage à l’inconnue en face de lui.

Elle n'avait pas besoin de cela. Pas besoin d'un assassin dans sa propre maison ! Elle n'avait pas besoin de la compagnie d'un mercenaire, d'un être asoifé de sang, pas besoin qu'on vienne lui montrer combien elle avait échouée ! Son visage se fit dur, les crocs dans sa bouche lui firent mal, elle avait envie d se jetter sur cet intru lui montrer ce qui ^rugissait encore au fond de son ventre. Lui prouver à lui et en faire un exemple pour tous les autres que les Voleuses de Coeurs rêgnaient encore en maîtresses sur leur terre. Mais les Voleuses de Coeurs ne sont plus.

Le regard sanguin de la féline s'enfonce comme une lame dans les yeux du félin qui se présente devant elle avec toute la politesse de ceux qu'elle déteste, un mâle. Rien qu'un mâle. Pourtant.. elle s'écarta de l'ouverture et laissa le loisir à l'inconnu d'entrer dans l'antre de sa famille déchue. Après tout, celles qui avaient une haine sans fin pour les mâles.. ces soeurs.. ne l'avaient elle pas quitté pour ces mêmes males ? Elle ne souillait pas leur mémoire en laissant entré la graine de leurs maux dans leur citadelle. Elle ne faisait que regarder en face la triste vérité de sa défaite. L'ambre de ses yeux couvrant l'immensité de sa tristesse, Niwema, princesse tombée, regarda l'assassin mettre ses pieds mouillés sur le par terre de la grande salle des banquets où se tenaient encore quelques tables d'une ancienne taverne. Une grande salle, un large néant plongé dans le noir à peine éclairci par quelques lampes à huile.

La princesse féline s'avanca jusqu'à l'assassin, s'arrêta à son côté et contempla le vide qui s'offrait à ses yeux avant de lacher d'une voix à la fois sombre et vide.

Vous n'êtes pas le bienvenu ici.

Elle ne tourna pas même la tête vers lui. Il était de sa race pourtant.. autrefois elle aurait été heureuse de rencontrer un être qui lui ressemble. Plus aujourd'hui. D'un mouvement fluide elle rangea sa lame dans son fourreau et la lanca sur un des canapés au fond de la pièce.

Mais je ne vous tuerais pas. Vous pouvez restez ici le temps que les nuages se dissipent. Après cela je ne tolererais plus votre présence ici.

Cependant il était hors de question qu'elle le laisse aller en toute liberté dans sa maison. Il lui restait encore un soeur entre ses murs et il était impensable que ce vaurien d'assassin aille la déranger dans son repos juste parce qu'il voudrait faire le tour du propriétaire. Aussi la féline ne partit pas directement rejoindre sa chambre, ce qu'elle aurait aimé faire pourtant. Elle resta un moment immobile avant de s'avancer lentement jusqu'au bar de l'ancienne taverne. Une flamme blafarde et vascillante vint projetter une ombre malsaine sur les jambes blanches et maigres de la féline alors qu'elle se glissait silencieusement jusqu'à la cheminée. Elle jetta une des buches entreposée à côté dans l'antre et attrapa une allumette qu'elle craqua. Une flamme un peu plus chaleureuse vint bientôt lécher le visage de la princesse qui se redressa et ne regardant pas même le félin lui dit :

Il y à un lavabo qui doit encore fonctionné derrière le comptoir sur votre droite.

Elle tourna la tête vers lui et les flammes mirent quelque chose de dangereux dans la prunelle de son regard.

Allez vous laver les mains.

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La féline inconnue se pousse de l’entrée de la port, acceptant sa demande.. seulement le temps que les nuages laissent place au beau temps. Il franchit la porte d’entrée d’un pas. Le félin espère que demain les nuages auront disparus, il n’est pas le bienvenu ici lui dit-elle. Si elle aurait refusée sa demande, il aurait couché dehors. Sous un arbre, un pont, un tas de ruine.. qu’importe l’endroit. Il ne lui avait pas imposer sa venue ici, alors pourquoi le laissé entrer si c’est pour dire des regrets ?

Sans chercher la réponse, le félin fit le second et referma la porte derrière lui. Restant au niveau de la porte, il suivit féline sans difficulté à travers toute la pièce malgré l’obscurité qui régnait en ce lieu isolé. Elle se dirigea vers la cheminée et y alluma un feu. Son œil s’éclaircit légèrement lorsque les flammes illuminèrent la pièce et d’un ton peu accueillant elle lui dit où il pourrait se laver les mains.

Sa dernière phrase ressemblait à un ordre. Accompagné d’un soupir discret de la part du félin, puis un sourire. Un sourire emplit de tristesse lui traversa le visage. Elle ne semblait ne pas avoir vue de personne du monde extérieur depuis des années.. elle ne savait peut-être plus comment s’y prendre avec les inconnus.

D’un acquiescement de la tête, il répondit froidement malgré la chaleur qui parcourait la pièce.

- Vous n’aviez pas à me le dire, je l’aurai fait.

Il y était peut-être aller un peu fort, mais il voulait lui faire comprendre que sa venue n’était pas hostile et qu’il était inutile de parler sur un ton aussi dominant que celui de ses paroles. Sa queue vacillante dans son dos, il se glissa jusqu’au derrière du comptoir sous un silence total. Enroulant sa queue autour d’elle-même, le chaton ouvrit le robinet et fit couler une eau tiède, après avoir boucher le trou. En attendant que le liquide monte en niveau, il remonta ses manches à l’aide de ses dents avant de faire tremper un doigt dans l’eau afin de se donner une idée de la température. Un sourire impatient aux lèvres, il ferma le robinet d’un geste de la main et plongea les deux dans l’eau et les frotta l’une l’autre.

Le sang m’était du temps à partir, un peu agacé, Rujiah leva la tête et perdit son regard contre un mur particulier.

Si elle avait été désagréable ? Evidemment ! Comment pourrait elle faire autrement que de traité ce male comme une vermine ? Lui qui venait ici comme s'il s'agissait d'une auberge pour assassin. Lui qui venait les mains couvertes de cette odeur pestilencielle. Il voulait peut-être qu'elle lui offre des fleurs pour sa bonne conduite ? Il lui avait répondu avec froideur, comme si c'était elle qui devait être avoir sur ses épaules quelques culpabilité pour n'être pas une bonne maitresse de maison. Il n'était pas son invité à ce qu'elle sache !

La féline s'accroupit à nouveau devant le feu en entendant l'eau couler. Si elle était en colère ? Les flammes qui brillèrent dans son regard en était peut-être la preuve.. une preuve éphèmère. L'ambre de son regard plongé dans la danse des flammes son animosité retomba comme une cendre au fond du foyer. Ce félin n'était finalement pas vraiment celui qui avait amené la colère dans son coeur. Il n'était qu'un égaré, et ce n'était pas contre lui qu'elle en avait. Niwema s'en rendait bien compte, si elle le traitait ainsi ce n'était pas seulement parce qu'il était assassin.. après tout, elle se fichait bien de savoir qu'il avait tué quelqu'un devant sa porte ou non. Elle aussi avait fait couler le sang.. Non, le problème de ce félin c'était qu'il était sa première visite depuis qu'elle avait été laissée seule.

Pourquoi lui en vouloir d'amener un peu de vie ?

Le regard ne la féline fixait encore les flammes quand l'eau s'arrêta de couler. Le visage portant les stigmates d'une trop longue tristesse, d'un deuil jamais finit, la princesse relève doucement le menton et son regard autrefois si joyeux se fait plus lourd que la pierre de cette citadelle. Elle se demande doucement ce qu'elle est devenu puis s'arrête brusquement. Cela ne vaut rien de se lamenter. D'un geste elle repousse ses pensées et ses cheveux derrière ses épaules. Elle se relève lentement, la chaleur du feu enveloppant de douceur ses jambes elle tourna les talons pour aller voir ce que pouvait bien faire le félin. Il en mettait du temps pour se laver les mains !

Lorsqu'elle arriva près du comptoir elle remarqua le regard que fixait le félin sur le mur en face de lui. Niwema n'eut pas besoin de le suivre pour savoir ce qu'il pouvait regarder ainsi. Un instant son visage si froid et si pâle sembla s'illuminer interieurement et les couleurs revinrent à ses lèvres.

Ce sont les portraits des femmes qui vivaient ici autrefois.

Sa voix avait perdu toute froideur, le temps de ces quelques mots elle avait retrouvée la douceur de ces jours anciens, sa mélodie vint caresser les murs de la citadelle comme un baume avant de mourir, se noyant sous la surface d'une tortueuse mélancolie. D'un mouvement léger elle tourna la tête vers les cadres de ses soeurs, surmontés par celui de sa tante et reine. Qu'elles paraissaient heureuses et accomplient sur ses papiers. Qu'elles étaient resplandissantes de force et de confiance à la lumière du feu. Un minde sourire se glissa sur la bouche encore enfantine de la féline. Puis elle baissa le menton et tourna la tête vers le félin.

Vous voulez peut-être quelque chose à boire ?

D'un pas elle rejoins le félin derrière le comptoir et se tourna vers les étagères qui portaient encore quelques bouteilles d'alcool, il devait être déliceux avec l'age. Elle eut un petit sourire moqueur pour ces bouteilles poussiéreuse et se pencha pour ouvrir une petite trappe dans le sol. De cette cachette elle sortit une bouteille de lait fraiche qu'elle posa sur le comptoir.

Je crain n'avoir que cela de frais.

Elle se tourna à nouveau et chercha des verres, elle en trouva deux, et se tournant vers le lavabo pour les laver elle remarqua que le félin avait du mal à enlever le sang sur ses mains. Elle fronca les sourcils et lachant les verres sur le comptoir, elle attrapa une petite bouteille au liquide d'un vert plutot étrange. Elle la déboucha et la posa à côté du lavabo.

C'est de la bave de Blob, un peu gluant mais très efficasse pour le sang séché.

La bouteille était propre, contrairement à ses soeurs couvertes de poussière. L'utilisation ne laisse pas la poussière prendre place.. S'appuyant contre le comptoir, Niwema attendait que le félin ait finit de se laver les mains pour pouvoir laver les verres. Elle regardait les étagères en face d'elle, se demandant si elle avait bien fait de laisser un inconnu entrer ici.

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Un regard vide porté aux portraits devant lui, regard qui laissait apparaître une cerne sous son oeil droit. Frottant toujours machinalement ses mains dans l'eau. Ses balancements de haut en bas semblaient montrer un épuisement. C'est vrai, il avait marché toute la journée, poursuivant l'homme qu'il avait tué avant de venir ici. Mais il n'était pas du tout un assassin professionnel, s'il avait fait ça, c'était pour se payer à manger, il n'aimait pas.. il détestait voler aux autres.
Le chat sortit de ses rêveries à la venue de la féline à quelques pas du comptoir, ses oreilles se redressèrent un instant, suffisamment pour écouter avec attention ce qu'elle disait.

..Autrefois ? Il commençait à comprendre maintenant pourquoi il n'était pas le bienvenu en ces lieux. Il était venu ici à cause d'une petite étincelle de vie dans cette citadelle, mais il n'avait pas fait le rapprochement entre cette lumière et la féline. Mais maintenant, tout devenait clair. Elle habitait ici, sans doute depuis toujours, avec ces femmes accrochées au mur. Mais maintenant seule..
Le félin observa minutieusement chaque portrait, elles avaient l'air tellement fières sur ces tissus, et il n'était pas donner à tout le monde de voir tant de belles femmes en même temps.

Elle lui posa alors une question, une proposition. Si il voulait boire quelque chose ? Sa gorge était sèche. Il avala sa salive avec peine et se tourna à son tour vers elle, ses oreilles rabattues.

- Oui.. je ve-..

Sans attendre sa réponse, elle passa derrière et jetta un oeil dans les étagères. Elle fouilla ensuite au sol avant de déposer sur le comptoir une bouteille de lait. Le regard et le sourire heureux, il la regarda un court instant et finit sa phrase avec plaisir.

- .. Je veux bien !

Continuant bêtement de frotter ses mains, ne voyant pas que ça ne partait pas, la jeune fille déposa cette fois-ci deux verres sur le comptoir, suivit d'une petite bouteille d'un liquide verdâtre. Il ne voyait pas vraiment à quoi ça allait lui servir, avant qu'elle ne lui explique ce à quoi ça sert. La bouteille était à moitié vide, il supposa que derrière ses airs de jeune fille froide et innocente se trouvait une femme tout aussi fière que celles au mur, une meurtrière sans émotion. Mais il n'allait pas lancer un tel sujet, de peur d'être mal prit. Il n'était pas venu ici pour se battre mais pour trouver refuge, alors il garda ses lèvres fermées, tendit une main humide vers la bouteille verte et s'en mit sur les mains, hésitant un moment avant de la remercier. Ce qu'il fit durant le nettoyage, d'un signe de tête.

Le sang quitta sa peau assez rapidement s'engouffrant au fond du trou lorsqu'il ôta ce qui bouchait ce trou. S'essuyant ensuite sur un chiffon près du lavabo, il s'écarta et laissa l'accès au lavabo à la féline à côté de lui.

Il ne savait pas comment l'appeler, mais il devait savoir son nom, au moins son nom. Il aimait porté un nom aux visages des autres, qu'importe ses relations. Cependant, allait-elle au moins lui répondre ? Si oui, allait-elle lui répondre d'un ton aussi glacé que la dernière fois ? Ce mystère était pesant, tout autant que le silence qui commençait à s'installer dans la pièce. Lentement, il repose le chiffon à sa place. Lentement, il s'avance vers elle et rompt ce silence par sa question.

- ..Quel est votre nom ?

Ce n'est pas un sourire qui enlace les lèvres de la jeune fille mais un air plus serein, moins froid qui dessine à nouveau les traits de son visage. Ses épaules se détendent, parler de celles qui l'on quittée lui fait du bien. Quelque part ce sont ces portraits, derniers vestiges d'une présence si chaleureuse qui réchauffent encore l'âme tourmentée de la féline. Elle les regard encore un moment avant de faire couler l'eau pour laver puis rincer les verres qu'elle avait sortit en l'honneur de cet inconnu. Elle baissait les yeux sur le torchon qu'elle tenait maintenant entre ses mains, se demandant fugitivement qui pouvait bien être ce félin.

Il avait montré un tel plaisir à vivre.. surement ne le voyait il pas lui même, mais cette flamme qui alimente son regard, cette vigueur dans ses bras pourtant fatigués, et la chaleur, la chaleur d'un corps qui brûle encore. La féline secoue doucement la tête, ce qu'elle aurait aimé de pas perdre cette ultime chaleur de vivre. Désormais, il était trop tard. Seule la mélancolie pouvait encore apporter un peu de couleur à ses rêves, lorsqu'elle revoyait les femmes qui l'avaenit fait tant sourire. Qui lui avait permis de vivre. Le félin inconnu repose son chiffon à côté du lavabo, quelques secondes plus tard Niwema aurait le même geste. Mais avant cela elle s'arrêta, son souffle oublia de sortir de ses narines.

Quel est votre nom ?

La princesse reste une seconde dans le silence. A t-elle oubliée ? Etait ce encore le même nom que portait ses fragiles épaules ? Etait ce le même nom que portait sa peau pâle, ses yeux ternis, son sourire disparut, ses traits si ternes ? Pouvait il encore exister, ce nom synonime de tant de joies, de plaisirs.. de vie. Elle reposa doucement son torchon à côté de celui du félin, posa les verres à côté de la bouteille. Ses lèvres s'ouvrirent comme difficilement alors qu'elle lachait ce nom qu'elle n'avait pas entendu depuis longtemps.

Niwema.

Sa voix lui sembla étrange, comme porteuse d'une tristesse qui dépasse sa mélancolie, comme si celle qu'elle était revenait hantée ce mot qui erre dans l'atmosphère, si doux et si tendre pour être aussi ensanglanté de tristesse. La féline semble se perdre un moment, l'ambre profond de son regard se voile, ses bras se lèvent dans un simple automatisme et la ramène au présent. Elle ne fait pas part sur son visage de la curieuse sensation qui l'a traversée et se contente de servir un verre de lait au félin comme si cela n'avait été qu'un court et bref échange. Cela devait être cela..

Elle prit le verre de lait qu'elle venait de servir et le tendit à l'inconnu, le lacha dans cette main étrangère et se détourna pour se servir un verre. Tout en regardant le liquide blanc couler librement dans le verre elle demanda à son tour, avec une simplicité qui la déconcerta. La simplicité n'avait pas été dans son langage depuis des mois. La solitude contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'a rien de simple.

Et vous ?

Lentement elle tourne les talons et son verre à la mains, invite le félin à la suivre jusqu'aux canapés et fauteuils de cette taverne désertée. La poussière cependant à épargnée les tissus, la jeune féline y a prit soin. Pour une raison qu'elle ne saisit pas vraiment, voir la poussière à la place où c'étaient assises ses soeurs de coeur lui aurait été insuportable. Elle s'assit dans un fauteuil proche du feux, ramenant ses jambes sous elle, s'installant comme autrefois. Cela la fit discrettement frémir. Voila qu'elle n'avait pas oubliée la position dans laquelle elle s'asseyait et cela suffisait à la troubler. Elle se reprit bien vite cependant, maugréant contre elle qu'elle était devenu bien faible. Elle portait son verre à ses lèvres, attendant que le félin décline un semblant d'identité.

Un nom.. finalement cela ne semblait pas être grand chose. Cela ne semblait pas pouvoir résumer une personne. Cela ne devait surement pas.. Pourtant le sien semblait lui valoir le plus grand résumé qu'elle connut d'elle même. Un nom.. c'est si peu de chose. Elle n'y aurait pas prêté autant attention avant. Mais si aujourd'hui son simple nom était pour elle le poids d'un passé et l'enveloppe vide d'un présent, un résumé bref et exact de ce qu'a été et est sa vie, elle ne pouvait pas ne pas porter attention à celui de cet homme qu'elle avait laissé entré dans sa maison. Un homme venu couvert de l'odeur du sang d'un autre et qui pourtant n'avait pas l'air le moins du monde dangereux. Oh Niwema ne s'y tromperait pas, les apparences ne sont pas ses amies, elle ne leur prête aucune confiance.

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Ses joues se mouvementent légèrement, arbore un sourire béat. La première image de la jeune femme ne semblait pas lui correspondre, quelqu’un aussi froid que la personne qui lui ouvrit la porte ne l’aurait jamais laissé entrer. Quelqu’un de froid ne lui aurait jamais servi un verre de lait. Quelqu’un de froid ne lui aurait jamais donné son nom. Une double personnalité semblait habité en cette femme. Du moins, c’est ce qu’il pensait.
Doucement, sa main s’empare du verre de lait qu’elle lui tend. Puis le passe à son autre main, libérant ainsi celle plus tôt prise. Un signe de la tête en guise de remerciement un peu tardif lorsque sa question se retourne contre lui. A son insu, au lieu de lui donner un nom que les autres lui donnaient, son véritable nom s’envola jusqu’aux oreilles de la féline.

-..Rujiah.

Sa main se plaque silencieusement contre sa bouche.. trop tard. Il la rabaisse lentement, honteux. Arborant un mince sourire aux lèvres, comme pour cacher sa maladresse, il se dirige vers des canapés, précédant donc, Niwema. Elle s’assit rapidement, près du feu, la seule lumière les protégeant des ténèbres. Le félin reste une longue minute debout, particulièrement méfiant envers elle. Il craque, longe un canapé et s’assoit au suivant, non loin d’elle. A son tour, son verre frôle ses lèvres. Chaque gorgée du liquide est savouré tel un breuvage divin. Peinant à s’arrêté, sa seconde main vient portée secours à la première, impuissante à la gourmande du jeune homme.
Quelques goûtes de lait tombent sur son torse, d’autres sur ses cuisses. Un long soupir rompt le silence, suivi d’un rire aussi faible qu’un murmure, venant caresser les oreilles velues du jeune homme.. Etait-ce lui qui avait fait ce rire ? Etait-il fou au point de ne pas pouvoir se contrôler ? Dans ce lieu abyssal, il n’était pas vraiment en sécurité. Bien qu’il appréciait l’obscurité, il n’aimait guère une totale.

Un semblant de plaisir le surprend ensuite. Sa parole s’élève dans la pièce, une main posée sur son ventre.

- Aaahh. Quel lait succulent.

Sa langue effleure ses lèvres avec délice. Ses pupilles s’écarquillent un court instant. Une sensation d’embarras l’envahit soudainement. Instinctivement, son regard dévie de la lumière pour se confronté aux ombres du passé.

Elle resta glacée comme la pierre et pourtant sensible. Sensible à cette vibration qui avait franchie les barières d'un mot, de cette tonalité qui sans y prendre garde avoue sa vérité. Niwema penche le menton et son regard se perd dans les méandres blancs du lait qui frissonne dans son verre au rythme du léger tremblements de ses mains. Elle ressert sa prise, incapable de supporter la vision de sa faiblesse. Sans colère pourtant elle porte le lait à ses lèvres mais n'en avale pas une seule gorgée. Son coeur bondit dans sa poitrine, ses poumons ne demandent plus leur dus d'oxygène, toute son attention tendue vers un brusque changement.

La féline avait été surprise, surprise comme elle ne pensait plus cela possible. Les oreilles couchées sur son crâne et les poils de sa queue hérissés, elle tourna des perles d'ambres affublées d'une iris ronde vers le félin qui riait. Pas un rire tonitruant de mâle bourru non, juste un rire fin, presque silencieux, léger.. Caressant. La princesse déchue détache le verre de ses lèvres et regarde cet étrange phénomène. Il s'arrête et parle d'un plaisir, une joie simple et étrange dans la bouche. Les flammes crépitent avec insistance dans l'antre de la cheminée mais ce n'est pourtant pas cette chaleur qui vient traverser le corps de Niwema. Elle ne cherche pas à comprendre pourquoi cet éclat de vie provoque en elle l'envie de le suivre.

Surement ne veut elle pas comprendre au final, elle n'était plus du même monde que lui. Aussi noir pouvait il être, il savait encore rire. Elle le regarda détourner la tête, elle l'observa s'assombrir et cela lui fit une peine blessante. Un être capable d'autant de vie ne pouvait résolument pas lui ressembler. Et cette sombre lourdeur qui pesait maintenant sur les épaules du félin ressemblait beaucoup trop à l'obscurité qui entourait la princesse pour qu'elle le laisse faire. Ainsi une vigueur enflammée la fit se lever et aller titiller les flammes qui s'élevaient dans la cheminée. S'approchant sans crainte elle prit une brindille enflammée et s'éloigna du feux, disparaissant presque dans les ombres qui couvraient les murs de la pièces, à peine éclairée par la flammèche au bout de la brindille. Bientôt pourtant une autre flamme vint éclairer la pièce, celle d'une lampe à huile. Plusieurs de ses camarades suivirent son éclat et Niwema eut un léger coup de chaud alors qu'elle laissait la brindille se consummer..

Ses yeux suivirent les multiples lampes auquelles elle venait de redonner vie.. depuis toutes ses années où elles étaient restées éteintes. C'était une bien prenante émotion qui voulu s'infiltrer dans son coeur, qui mourru finalement sans l'ateindre. La jeune féline alla se rassoir, attrapant au passage la bouteille de lait qu'elle posa sur la table devant Rujiah avant de reprendre son verre. Elle ne sourit pas mais son visage et ses gestes ont perdu un peu plus de leur rigidité glaciale, elle regarde toujours le félin. Intriguée par celui qui arrive à rire dans un lieu qu'elle même n'arrive plus à trouver, d'où qu'elle regarde, un tant soit peu acceuillant.

Il n'est pas interdit de rire vous savez.

Elle lève les yeux vers les visages de ses soeurs, repensant à leur rires.. comme elle s'en rappelait bien et comme, pourtant, elle doutait de pouvoir les reconnaitres si un jour elles venaient à se croiser à l'extérieur de la citadelle. Elle savait bien que lorsqu'elle s'éloignait des murs de son empire déchu son subconscient prenait le dessus et obscursissait sa mémoire trop douloureuse et avec elle le souvenir de ses soeurs. D'un mouvement elle chasses ces pensées et reporte son attention sur cet invité d'office. Elle s'installe plus confortablement et finit par entamer un semblant de conversation.

Excusez mon acceuil mais la solitude m'a rendu peu encline à recevoir la visite de quiconque. Vous pouvez rester le temps que la pluis cesse. Il y a des chambres à l'étage qui, je crois attendent des invités depuis longtemps.

Les "chambres d'amis" attendaient effectivement depuis un long moment que quelqu'un vienne les dépoussiérées. Il ne faudrait surement pas beaucoup d'effort pour en remettre une en état de recevoir. Enfin.. cela lui était encore un dérangement qu'elle n'osait s'avouer, acceuillir quelqu'un dans un endroit si absent de vie, n'était ce pas contradictoire quelque part ? Ne deviendrait il pas, à son tour, un fantôme de plus pour hanter cette citadelle ? Il était étrange d'ailleurs qu'il n'est pas prit peur de ces murs plus froid que les mains de la mort et de cette maitresse de maison aussi acceuillante que l'entrée d'un caveau.

Oh et j'ai une réserve de lait assez grande pour que vous n'ayez pas à contrarier la gourmandise.

Un sourire presque entier tremblotta comme une lumière indécise sur les lèvres de la féline avant de s'éteindre doucement.